The Jesus And Mary Chain

Tout commence en 1984 avec "Upside Down", un single brut, saturé, hypnotique, qui secoue la scène musicale britannique. Derrière cette déflagration sonore : Jim et William Reid, deux frères écossais à l’attitude nonchalante, fans de feedback et de mélodies simples, Bobby Gillespie à la batterie et Douglas Hart à la basse. En live, ils tournent le dos au public, jouent trois morceaux et quittent la scène dans un mur de larsen. Malgré tout, un contrat est signé. En 1985, l’Angleterre sort de sa période New Wave et redécouvre une pop plus mélodique (avec The Smiths, New Order, James…). Et là débarque "Psychocandy", premier album de The Jesus & Mary Chain, sans producteur, sans compromis. Un disque qui ne ressemble à rien de ce qui se fait à l’époque. Dès Just Like Honey, le ton est donné : guitares saturées mais mélodieuses, rythmique minimaliste, voix chuchotée. Jamais des chansons aussi douces n’avaient été enveloppées dans autant de bruit. "Psychocandy" est un album de contrastes. Il alterne chansons pop noyées dans le feedback ("Never Understand", "You Trip Me Up") et morceaux plus sombres, presque rockabilly, avec des guitares distordues ("In A Hole ", "The Living End"). Les thèmes sont clairs : filles, ennui, drogue, sexe. Tout se confond dans une écriture minimaliste, presque naïve, portée par un mur de son assourdissant. Mais ça marche. Chaque morceau transporte : le riff massif de "Taste the Floor", la tension malsaine d’"Inside Me". Avec le recul, "Psychocandy" porte bien son nom : sucré et dérangé, pop et bruitiste, comme si les Beach Boys jouaient à travers des amplis en feu. Malgré son côté abrasif, l’album devient culte. Il influencera des dizaines de groupes dans les années qui suivent, donnant naissance à des courants comme le shoegaze, la noisy pop (My Bloody Valentine, Ride, Slowdive). Plus qu’un disque culte, "Psychocandy" est un manifeste. Un bijou caché sous une avalanche de larsens. Un chef-d’œuvre du noise rock. À écouter fort. Très fort.