New Order

"Brotherhood" est sans doute l’un des albums les plus réussis de New Order, peut-être même leur meilleur, bien qu’il soit souvent sous-estimé. Il résume parfaitement l’essence du groupe à cette époque, entre énergie rock et sophistication électronique. Le son New Order, c’est avant tout la basse très en avant de Peter Hook : mélodique, saturée, presque utilisée comme une guitare lead, elle donne au groupe une identité sonore unique. À cela s’ajoutent Stephen Morris à la batterie, au jeu sec et mécanique, et Gillian Gilbert, qui ajoute des couches de synthés et des guitares new wave parfois funk, parfois planantes. L’album est divisé en deux parties. La première, plus rock, fait la part belle aux guitares avec des titres comme "Paradise" ou "Broken Promises", où la voix de Bernard Sumner s’impose davantage, épaulée par des chœurs subtils. "As It Is When It Was" marque l’introduction inédite d’une guitare acoustique dans l’univers de New Order – une première dans la continuité Joy Division/New Order. La seconde face, elle, est plus électronique et pop, avec les synthés prenant le pas sur les guitares. C’est une esthétique que le groupe a développée au fil des années, amorcée dès "Power, Corruption & Lies", et dont "Bizarre Love Triangle" est sans doute le meilleur exemple. Synthétique, dansant, mélancolique et intemporel, à la hauteur de leur tube "Blue Monday". D’autres morceaux comme "Angel Dust" jouent une carte plus sombre, plus brute. Malgré le contraste entre les deux faces, l’ensemble reste très cohérent. "Brotherhood" est un disque où New Order parvient à conjuguer ses racines post-punk et ses ambitions électroniques. Un disque à redécouvrir, tant il incarne à la fois la maturité artistique du groupe et une certaine forme de sincérité brute que New Order retrouvera rarement avec autant de justesse.