Autechre

Sorti en 2005, Untilted vient clore une trilogie d’albums complexes commencée avec Confield et Draft 7.30, avant l’arrivée du plus accessible Quaristice.À cette époque, Autechre continue de pousser sa musique dans des directions expérimentales, abstraites, parfois déroutantes, mais toujours très réfléchies. Certains critiques ont parlé d’un manque de structure, mais pour le duo, c’est justement cette liberté, cette rupture avec les règles habituelles, qui rend leur musique intéressante. Untilted est un album exigeant. Les rythmes y sont tordus, les morceaux instables, souvent surprenants. Chaque piste part d’une idée qui évolue, se transforme, jusqu’à devenir chaotique ou inattendue. C’est une musique qui bouscule, mais qui dévoile peu à peu une certaine beauté, parfois cachée sous le bruit ou la tension. Un peu comme dans le free jazz, Autechre casse les codes pour mieux inventer de nouvelles formes. L’album alterne des moments intenses et brutaux (LCC, Ipacial Section, Augmentic Disport) avec des passages plus calmes et mélodiques (Fermium, The Trees, Iera), avant de s’achever sur le monumental Sublimit, sorte de voyage sonore en plusieurs étapes, à la fois violent, hypnotique et émouvant. Même s’il peut sembler froid ou difficile à comprendre, Untilted est un album très expressif qui captive toujours autant, même des années après sa sortie. Il faut du temps, de l’attention et plusieurs écoutes pour révéler toute sa richesse. Pour beaucoup, c’est l’un des disques les plus forts et énigmatiques d’Autechre.