Forever Pavot

Emile Sornin n’a jamais aimé rester trop longtemps dans la même case : après ses BO bricolées et ses pop-symphonies baroques, il invente carrément un robot pour gérer sa promo et lui rendre la liberté de composer. Forever Pavot, c’est l’art de transformer la paresse en moteur créatif, et Melchior en mascotte siliconée. Ici, les claviers se frottent à des basses lourdes, les voix vocodées se partagent entre Sornin et son automate, et les invités (Lispector, Kumisolo, Domotic) viennent souffler un vent d’absurde élégance. On entend toujours les fantômes de Morricone et de Roubaix, mais filtrés par un dancefloor futuriste où le krautrock flirte avec le hip-hop. Le trio live annoncé promet une cure d’amaigrissement sonore, mais l’album reste foisonnant, bourré de contrepoints et de clins d’œil érudits. Derrière l’humour, il y a une vraie science des arrangements, une manière de faire du neuf avec des vieilleries choisies. Melchior Vol.1 n’est pas une blague : c’est une bromance musicale entre un musicien et son double mécanique.