Jessica 93

Avec 666 Tours de Périph’, Jessica93 (le projet solo de Geoffroy Laporte) fait un retour marquant après plusieurs années de silence. Toujours fidèle à son esthétique DIY et à ses influences post-punk, grunge, coldwave et noise, il livre ici un album brut, tendu, sans fioritures : boîte à rythmes minimaliste, guitares saturées, chant éraillé, parfois crié — une musique râpeuse, mais profondément sincère. La grande nouveauté de ce disque, c’est que tout est chanté en français. Et ça change tout : les paroles gagnent en impact, deviennent plus directes, plus intimes. Geoffroy y évoque la solitude, le mal-être urbain, la marge, la violence sociale, ou encore des amours bancals, avec un mélange de lucidité crue et de poésie désabusée. Les textes sont âpres, parfois drôles, souvent touchants, toujours justes. La production, signée Arthur Satan (du groupe JC Satan), apporte plus d'ampleur au son, tout en respectant l'identité rugueuse du projet. La voix est mise en avant, les textures plus claires, mais l’esprit reste le même : brut et sans compromis. Dès "Florence Rey", on est plongé dans une atmosphère tendue, presque suffocante. "La colline du crack" est l’un des grands moments du disque, entre ballade grunge et chronique sociale, où l’on sent toute la fragilité et la douleur de ceux qui vivent en marge. Enfin, "Purifier", en clôture, referme l’album comme un souffle lent, lourd, presque funèbre. "666 Tours De Périph’" n’est pas un disque facile. Il ne cherche pas à plaire à tout le monde. Mais pour peu qu’on accepte de se frotter à ses aspérités, il révèle une vraie sensibilité, cachée derrière le magma sonore. C’est un album pour ceux qui aiment les émotions brutes, les ambiances sombres, les artistes qui ne trichent pas.