Bertrand Belin

Bertrand Belin ne fait pas de la chanson comme tout le monde. Depuis ses débuts, il trace une route bien à lui, avec une voix grave et posée, qui rappelle Bashung, des textes soigneusement écrits, parfois un peu mystérieux, et une musique élégante, souvent dépouillée, toujours singulière. Avec Watt, son huitième album, Belin continue d’explorer cet univers à part. Il travaille en tandem avec Thibault Frisoni, son fidèle complice, pour construire un disque à la fois intime, élégant et moderne. Ici, pas de grand spectacle ni de refrains qui cherchent à tout prix à rester en tête. Mais plutôt une atmosphère, une cohérence, une manière de faire parler les sons et les silences. Les arrangements sont fins, précis. Belin réussit à mélanger des cordes d’inspiration classique avec des rythmiques électroniques, créant un son à la fois organique et raffiné. L’album navigue quelque part entre pop flottante, rock lent, soul discrète, jazz feutré et touches de trip hop. C’est riche sans être chargé, inventif sans perdre le fil. Et puis il y a les mots. Chez Belin, les paroles comptent autant que la musique. Il parle du quotidien, il s’interroge sur ce qu'est qu’être humain : aimer, douter, observer, exister. L’album s’autorise quelques détours inattendus : un morceau jazz feutré (Tel qu’en moi-même), une ambiance moite et lente (Rembobine), "Berger" flirte avec une soul sombre, un peu à la Tindersticks. Sur le titre "Watt", c’est Rodolphe Burger qui vient prêter sa voix, ajoutant une nouvelle couleur. Un album gracieux et mélancolique, où les détours ludiques, dissimulés, sont d’autant plus précieux. On sent une grande attention portée aux détails, une envie de faire simple mais juste.