Brigitte Fontaine

Depuis les années 1960, Brigitte Fontaine trace un chemin unique dans la musique française. Poétesse, chanteuse, actrice, écrivaine... elle refuse les étiquettes et se plaît à brouiller les pistes. À mi-chemin entre chanson, théâtre, électro, rock, jazz et musique expérimentale, sa discographie est un labyrinthe fascinant où l’on croise autant de douces folies que de lucidité politique. Derrière son ton souvent absurde ou provocateur, une parole libre, profondément poétique et engagée, qui dérange autant qu’elle éclaire. Inconnue du grand public, en 1966, à seulement 29 ans, elle publie un premier disque passé inaperçu (13 chansons décadentes et fantasmagoriques), qu’elle considère aujourd’hui comme un brouillon. Mais tout change deux ans plus tard. En 1968, elle signe Brigitte Fontaine est… folle, un disque hors norme qui va poser les bases de son univers. Tout commence avec la chanson "Cet enfant que je t’avais fait ", coécrite avec Jacques Higelin pour le film Les Encerclés, sur le thème du droit à l’avortement — un sujet fort et rare à l’époque. Cette collaboration les amène chez Saravah, un jeune label fondé par Pierre Barouh, Claude Lelouch et Francis Lai. Fontaine y trouve un espace de création rare, où elle va écrire d'autres textes, confiés au musicien Olivier Bloch-Lainé pour la musique, et au jeune arrangeur Jean-Claude Vannier (futur complice de Gainsbourg) pour les orchestrations. L'album est un véritable petit bijou de poésie surréaliste, et jouit de sublimes arrangements. Un album à mi-chemin entre chanson, jazz, pop et poésie, porté par ton déjà très personnel. Fontaine joue avec les mots, les idées, les sons. Elle invente une autre manière de chanter – parfois parlée, parfois presque murmurée – qui étonne encore aujourd’hui. Cette édition Deluxe en double vinyle propose le disque original, remasterisé à partir des bandes master, ainsi qu’un second vinyle contenant des démos, des versions instrumentales et une rare version live de "Il pleut", enregistrée en 1969 pour France Inter/ORTF. Elle s’accompagne d’un livret bilingue de 20 pages, riche en photos d’archives rares, un éclairage sur le contexte de création, et documenté par Laetitia Sadier de Stereolab et du journaliste Jeremy Allen.