Bitchin Bajas

Avec Inland See, le trio de Chicago Bitchin Bajas ( Cooper Crain, Dan Quinlivan, Rob Frye) continue d’explorer une musique ambient douce, lente et hypnotique. Ce nouvel album, divisé en quatre longs morceaux, fonctionne comme un voyage sonore : chaque titre est un paysage, une sensation, un moment suspendu. Dès les premières secondes, la musique arrive sans prévenir, comme si un décor s’ouvrait soudain devant nous. Les sons – principalement des synthétiseurs et un saxophone – se mélangent en douceur, se transforment, disparaissent, puis reviennent. Rien n’est figé. Les morceaux ne suivent pas de structure classique : pas de couplets, pas de refrains, pas de mélodie évidente. Juste un flux, comme une rivière sonore. Ce qui rend Inland See vraiment spécial, c’est qu’il a été enregistré en direct, sans effets ajoutés ensuite. On entend donc la musique telle qu’elle a été jouée : naturelle, vivante, avec tous les petits détails – les souffles, les silences, l’ambiance du studio. On se sent presque dans la pièce avec les musiciens. C’est une musique qui ne cherche pas à impressionner. Elle avance doucement, invite à ralentir, à écouter autrement. Le morceau d’ouverture de "Skylarking", donne l’impression que le groupe se prépare à rejoindre Tim Gane et ses acolytes – logique, puisque Cooper Crain, a récemment signé la production du dernier album de Stereolab, "Instant Holograms on Metal Film". Mais très vite, le disque prend une autre direction, plus lumineuse et planante. Sur "Reno", emmené par un piano aérien, on sent l’influence marquée par le duo pionnier du krautrock ambient allemand Cluster. Ce qui mène naturellement à "Graut", pièce maîtresse de près de 20 minutes, où des boucles de boîte à rythmes croisent des sons de carillons façon école berlinoise. Ce titre évolue lentement vers un son psychédélique et enveloppant. Pour celles et ceux qui aiment la musique calme, lente, et pleine de nuances, c’est une très belle découverte.