El Khat

Enfant de la diaspora yéménite qui a grandi en Israël, aujourd'hui basé à Berlin, Eyal el Wahab a fait ses débuts au sein du Jérusalem Andalucian Orchestra en tant que violoncelliste avant de plonger dans la culture musicale de ses racines et de fonder la formation EL Khat. Déjà auteur de deux albums audacieux, le musicien confirme sa fibre créative avec "mute". Ce nouvel album décline la notion de recyclage par le biais d’instruments faits main. Des tambours et des cuivres scintillants, un orgue déchiqueté, des mélodies hypnotiques et des percussions et instruments à cordes bricolés uniques se fondent dans un paysage sonore contagieux et enivrant. Eyal el Wahab invente les instruments qu’il utilise sur ses albums, comme le gallon bleu (en fait une cruche) ou le kubana (du nom d’une sorte de pain yéménite). Ces instruments uniques, fabriqués à la main, sont au cœur de mute. Il a toujours fait de la musique à partir d’objets dont d’autres se débarrassent. Tout est recyclé et réutilisé, rien n’est gaspillé. Ce même esprit minimaliste se retrouve dans les mélodies d’El Khat. Sans fioritures et directes, elles s’inspirent de la musique traditionnelle yéménite qu’El Wahab a entendue dans des enregistrements des années 1960. Variation sur la parole, celle qui lie ou qui divise selon, "mute" et sa sémantique paradoxale franchissent le mur du son avec "Tislami Tislami", avec son chant oriental étourdissant. Tour à tour erratiques ou denses, les arrangements se fondent aux mélopées du Levant comme sur "Almania". Mais aussi entre traditions et soif d’innovation avec "Zafa". El Khat réussit à mixer ce savant mélange et crée des mélopées arabes traditionnelles, de touches pop et d'expérimentations. Une incarnation de la richesse culturelle du Proche-Orient.