KOKOKO!

Avec son deuxième album, "Butu", le collectif congolais Kokoko! (quatre musiciens venus de Kinshasa (Boms, Makara, Dido et Bovic) et le producteur français Debruit) revient plus en forme que jamais, la musique se muant en œuvre hybride, entre ancestrales sonorités africaines, électro et kwaito… La nuit, Kinshasa est chaude, sombre et bruyante. La ville congolaise s’anime après un coucher de soleil, qui se déplace rapidement en raison de sa position près de l’équateur. Soudain, le niveau sonore augmente et les sens sont exacerbés : les vendeurs ambulants tambourinent et crient pour attirer l’attention, les publicités par mégaphone tournent en boucle, les systèmes de sonorisation des clubs et les églises évangéliques diffusent de la musique à tue-tête. L’air est épais et chargé de gaz d’échappement. L’effervescence de la ville après la tombée de la nuit a inspiré leur nouvel album. "Butu"signifie « la nuit » en lingala, et ce disque expérimental plonge au cœur de ce lieu chaotique, célébrant l’esprit joyeux et créatif de ses habitants. Il peut être surchargé, répétitif, comme un chaos organisé capable de susciter un sentiment de transe, d’excitation. Une hybridité sonore: le mélange d’électronique, de sons saturés, d’enregistrements téléphoniques, de voix lingala et d’instruments DIY, constitue son originalité. Sur cet album, Kokoko! livre une symbolique beaucoup plus politique dénonçant les élites politiques où les meurtres de masses par les groupes armés sont fréquents pour le contrôle des ressources naturelles. Des hymnes de résistance absolument énergiques et expérimentaux à l’image de "Mokolo Likambu"et de "Nasala Nini" aux distorsions bien dark qui ne nous empêchent pas de danser avant tout. Un disque festif orienté vers un son plus électronique.