R.E.M.

"Fables of the Reconstruction" est le troisième album du groupe R.E.M. en 1985. Un album oublié. Cette injustice est due en grande partie à sa position dans la discographie du groupe, difficile de rivaliser avec leur précédents opus Murmur (1983) et Reckoning (1984). Et pourtant qu'est-ce que ce disque est bien foutu. Enregistré dans des conditions déplorables et tristounettes à Londres (tout un hiver rude coincé en studio à s'ennuyer, problème d'argent, pas de nourriture faute de fric), le groupe fait appel au producteur Joe Boyd, connu pour avoir travailler avec des groupes folk-pop comme Fairport Convention ou Nick Drake, Mickael Stipe écoutait beaucoup de musique folk des Appalaches avant l'enregistrement. L' album sera beaucoup plus mélancolique, beaucoup plus sombre que les premiers essais. Alors que leurs premières compositions frappaient d'entrée avec leurs rythmes endiablés encore influencés par le post-punk, le titre "Feeling Gravitys Pull" nous plonge davantage dans une cold wave mélancolique qui aurait sans doute trouvé sa place sur les premiers Cure… Le titre s'étire dans une torpeur lente, le riff de guitare est assez torturé, et s'achève sur des sons de violons venant soulever la beauté de l'ensemble. Là où certains ont vu des faiblesses d'enregistrement et une pauvreté dans le son , beaucoup ont décelé une vraie force d'écriture, R.E.M. se montrant capable de signer aussi bien de vraies perles pop ; le somptueux "Green Grow The Rushes", la complainte "Good Advices" que des morceaux plus directs à l'image de "Auctionner (Another Engine)". Mais ce qui ressort évidemment c'est surtout les parties de guitares inouïes, arpèges et entrelacs se répondant à un rythme soutenu. On retrouve donc un savoureux mélange de chansons indie pop avec quelques touches de folk et de musique plus traditionnelle comme "Maps And Legend", un morceaux qui aurait pu prétendre au statut de "tube", et sa mélodie aérienne absolument délectable. Et puis il y'a "Can't Get There From Here" un morceau étonnant, puisque son orchestration à la guitare est typiquement funk, on se surprend même à relever des éléments jazzy vers la fin du morceau, les cuivres arrivant à grand renfort !. Une prise de risque considérable, un disque, de mieux en mieux structuré, qui a clairement montré que R.E.M souhaitait s'étendre sur le plan sonore. Un bel album et la suite le fut plus encore avec "Lifes Rich Pageant" (1986) et "Document" (1987), le/un classique de R.E.M!