Steve Lacy

En 2022 sortait "Gemini Rights", le deuxième album du rappeur Steve Lacy, natif de Compton, en Californie, qui s'inscrit parfaitement dans l'héritage d'Odd Future: ces adolescents agités apparus à la fin des années 2000 et qui, depuis, se sont divisés pour mieux traduire leur vision créative dans des morceaux qui savent ce qu’ils doivent au passé. Sans jamais laisser la fibre nostalgique dominer : à l’écoute de leurs albums, on pourrait même dire qu’il s’agit à l’inverse de créer une nouvelle matière sonore, à la fois familière et incroyablement moderne. Venu de l’indie lo-fi, Steve Lacy a décidé d’abandonner ses méthodes DIY (plus d’enregistrements sur iPhone ou sur son ordi portable) pour laisser place à un son plus raffiné et plus policé, pour offrir à son syncrétisme rock et nu-soul une approche plus minimaliste et calibrée ; par l’ajout de nouvelles couches aux provenances multiples, comme les musiques latines. Chaque chanson est un hit, Les titres Mercury (une petite incursion dans la bossa-nova) et Bad Habit (une chanson pop moderne, une masterclass de pop-rock catchy) ont cette science du son, ce goût des arrangements raffinés ou encore ce sens de la sensualité et du refrain qui claque. On croise aussi le spectres de Stevie Wonder sur certains titres, comme "Helmet" et sa wah-wah, ou même Motown, du Prince. "Cody Freestyle " est magnifié par une instru aux synthés flottants, sauce Beach House. Steve Lacy s’est entouré de fins partenaires; on retrouve notamment DJ Dahi (producteur de Kendrick Lamar, Vince Staples, Drake), le claviériste John Carroll Kirby (bras droit de Solange), sa sœur et sa mère sur les chœurs, et Matt Martians sur "2Gether" , membre de son collectif the Internet. Ce second disque est un trip musical des plus raffinés.