Elliott Smith

Très attiré par le piano, admirateur de Bob Dylan, Hank Williams, Nick Drake et les Beatles, dès l'âge de quatorze ans Elliott Smith se met également à jouer de la guitare et commence à écrire et enregistrer ses premières chansons. Parti s’installer à Portland, il s’investit de plus en plus dans la musique et monte à l université le groupe Heatmiser en 91 et s’affirme de plus en plus dans le milieu punk grunge. Mais Elliott ne se sent pas totalement à l’aise dans ce groupe qui, selon lui, bride sa créativité et veut s’épanouir vers de nouveaux horizons. C’est ainsi que sort en 1994 sur un label indépendant Cavity Search l’album "Roman Candle", réalisé à partir de démos prévues pour Heatmiser. Enregistré sur un magnéto 4 pistes, cet album gagne en profondeur malgré son approche lo-fi, grâce à la qualité de la performance et à la sensibilité d'Elliott Smith dans ses compositions. Partisan d'un folk, parfois énervé, Smith fait déjà état d'une forte personnalité et d'un individualisme avec lequel il va falloir compter. 9 chansons extrêmement dépouillées, sans aucun artifice, juste une guitare (ou 2), une basse, et la voix d'Elliott, un brin éraillée, avec de temps en temps, quelques notes d'harmonica ou quelques rares sons de batterie. Un voyage intime au plus profond de son mal de vivre. Ses chansons habitées, hantées par les traumatismes, la drogue et l’espoir, sont les témoignages d’une vie cabossée - il a enchaîné les addictions aux drogues et à l’alcool depuis son adolescence, et n’a jamais caché ses tendances dépressives. Ses mélodies sont aériennes, fluides, légères et n’ont d’égal que le subtil jeu de guitare qui les accompagne. Finesse d'un jeu de guitare à la fois magique d'invention et d'accroche mélodique pure. Des chansons bouleversantes aux paroles à la fois fortes et finement poétiques ; un grain de voix doux, comme sur "Roman Candle" qui ouvre l’album. Sur "Condor Avenue"; les guitares s'entremêlent, sa voix se dédouble, se répond, absolument renversant. Les chansons sans titres 1, 2 et 4, sont quelque peu plus réjouissantes, aux tempos plus rapides et aux mélodies plus entraînantes. Voix unique, textes tranchants, poète triste : l'un des meilleurs songwriter de la décennie prenait son envol. Entre 1994 et 2000, Elliott Smith a enregistré cinq albums dont la profondeur, la sincérité et la grâce nous touchent encore aujourd'hui. Il décède le 21 octobre 2003, à L.A., de deux coups de couteau en plein poitrine après une dispute avec sa petite amie de l’époque. Suicide ? Homicide ? Un post-it sur lequel était écrit « “Pardon mon amour, Elliott. Que Dieu me pardonne.”» fut retrouvé, mais saura t'on un jour si c’est bien Elliott qui s’est poignardé ? Il avait 34 ans.