The Sound

Gang Of Four, PIL, The Cure, Joy Division (pour ne citer qu'eux) ces groupes emblématiques ont influencé de nombreuses générations de musiciens et ont contribué à façonner le son du post-punk. Leur musique, souvent militante et contestataire, a su marquer les esprits par sa créativité et son originalité. Mais parmi ces grands noms, ils demeurent quelques oubliés, et même beaucoup. Parmi les plus doués, le groupe britannique The Sound. 4 musiciens originaires de Londres, auteurs d'une discographie qui n'a rien à envier aux poids lourds de la scène de l'époque, mais pourtant qui n'a jamais eu droit à une reconnaissance. "Jeopardy", leur premier album sort en 1980. L’album sonne brut et semble avoir été presque enregistré en conditions live. The Sound, a su créer un son unique mélangeant l'énergie brute du punk avec les textures hypnotiques du krautrock. Une musique à la fois sombre et entraînante. "Jeopardy" s’impose comme un manifeste de tout ce que les scènes punk rock, post-punk et même new wave, avec des synthés bien présents, ont de mieux à offrir. Les tempos sont variés, les compositions directes et acérées, les guitares rêches, sans conter la voix vibrante et déchirante d'Adrian Borland, rappelant celle de Ian Curtis ou de Ian Mcculloch de Echo & The Bunnymen . Adrian chante son désespoir, son rapport difficile aux autres et à lui-même, à l'être aimé avec des textes efficaces et marquants. Plusieurs titres s’imposent vite comme de futurs classiques du groupe, du post-punk: "I Can’t Escape Myself" débutant doucement et froidement, pour exploser progressivement, "Heartland" presque joyeux, très entraînant ou "Heyday", une chanson pop et nerveuse servie par un solo de guitare mémorable et des accords d’orgue frénétique. Il y'a aussi des titres plus sombres et ambiants comme "Hour of Need" et "Night Versus Day", et des passages plus sobres et étranges, comme la chanson titre et le final "Desire". L'album est acclamé par la critique mais le succès commercial n'est malheureusement pas au rendez-vous. Leur signature chez Korova, un label qui produisait également Echo and the Bunnymen, aurait dû leur ouvrir la route du succès. Meme si The Sound n'a peut-être jamais connu le succès commercial ou médiatique de certains de leurs contemporains. Leur héritage musical mérite d'être réévalué à sa juste valeur. Car "Jeopardy" est un début remarquable, qui se confirmera par la parution en 1981, d'un autre chef-d’œuvre du groupe, "From the Lions Mouth".
Il est temps de sortir The Sound de l'oubli et de lui rendre enfin l'hommage qu'il mérite. Les trois premiers albums sont réédités, en édition limitée et colorée